Portrait – Salifou, le conducteur de tricycle

Article : Portrait – Salifou, le conducteur de tricycle
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8 février 2018

Portrait – Salifou, le conducteur de tricycle

Aujourd’hui, nous partons à la découverte du métier de conducteur de tricycle. Connaissez-vous le tricycle ?

C’est un véhicule motorisé qui sert à transporter soit de la marchandise soit des êtres humains. L’usage est plus conseillé en campagne, mais depuis quelques années, la présence de ce véhicule un peu particulier est devenue une réalité à Lomé et ses environs.

Salifou, à bord de son tricycle. Crédit photo : Benedicta

Zémidjan un jour, mais pas pour toujours

L’histoire de Salifou, d’origine nigérienne, a débuté il y a 18 ans, lorsqu’il est arrivé à Lomé. « J’ai d’abord commencé comme zémidjan (conducteur de taxi-moto) . Un métier pas du tout facile, comme vous le savez. » Il ajoute que ce métier apporte la pitance quotidienne mais est éreintant lorsque l’on ne jouit pas d’une santé solide.

Ce n’est qu’en 2017 qu’il a arrêté cette profession par la force des choses. Depuis, Salifou est conducteur de taxi-tricycle.

La journée du conducteur de Keke Napep [1]

Le tricycle, d’origine asiatique, est apparu au début des années 2000 en Afrique de l’ouest, précisément au Nigeria où il est appelé Keke Napep. Ils sont importés ou montés sur place. Au Togo, ils ont moins d’une décennie et sont visibles seulement sur quelques trajets.

Salifou, notre conducteur, la quarantaine, est une personne affable, au regard plein d’espoir. En effet, il me raconte que ce tricycle ne lui appartient pas, ce qui est assez fréquent. « J’ai un patron, à qui je fais des comptes quotidiens, mais j’arrive quand même à tirer mon épingle du jeu. »

Vous pouvez emprunter le taxi de Salifou s’il vous arrive de faire des courses sur le tronçon routier reliant la zone portuaire de Lomé au quartier Agoè Zongo (au nord de Lomé).

Le tarif d’une course se négocie entre 200 et 400 FCFA [2]. Sa recette journalière tourne autour de 10 – 15 mille francs CFA, un peu moins de la moitié est consacrée au carburant. Après y avoir soustrait le loyer quotidien du propriétaire du véhicule, le reste est pour Salifou. Père de famille, avec une épouse et une fille, il doit subvenir aux besoins des siens.

Conduire en toute sérénité

Il arbore un éternel sourire et me dit avec un air satisfait que son véhicule est assuré. Cela est nécessaire mais n’est pas probant pour la grande partie des tricycles. Une assurance-véhicule est sûrement un visa de protection pour les passagers mais aussi contre le harcèlement des policiers.

Ce véhicule peut prendre jusqu’à 6 personnes, le conducteur y compris. Les passagers ne bénéficient d’aucun appui physique, à part une sangle située de part et d’autre du taxi. Il faut la saisir avec la force du poignet. Le passager du milieu est calé par les autres clients. A l’intérieur, ce petit monde est exposé aux effluves et aux senteurs qu’on peut humer, tout le long du parcours. Mais parfois on y jouit d’une réelle brise, ce qui vous donne envie de dormir et de profiter de la vie. D’où l’autre nom de ce moyen de transport inhabituel : Ogborodjayé [3]

Devenir propriétaire : un rêve ?

Ce métier donne à Salifou l’opportunité de faire des économies. Il rêve lui aussi, de pouvoir acquérir un jour, un keke napep, grâce à un programme de subventions que l’Etat togolais a récemment lancé. Mais en attendant, la réalisation de tous ces rêves, Salifou continue ses courses dans son tricycle.

 

 

[1] Keke : mot d’origine yorouba, ethnie du sud Bénin et Nigéria, pour désigner tout véhicule motorisé à deux roues, vélo ou moto / Napep : est le nom d’un programme (National Poverty Eradication Programm), initié en 2002 par le président Olusegun Obasanjo pour endiguer la pauvreté au Nigeria.

[2] 1 Euro = 655,95 XOF (F CFA)

[3] Ogborodjayé : mot d’origine yorouba, ethnie du sud Bénin et Nigéria, Ogboro=pauvre ; djê=manger (sens littéral) ; ayé = la vie : le pauvre qui goûte à la belle vie

 

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