Portrait – Trouver chaussure à son pied chez Emmanuel
Des besoins de l’homme, se nourrir et se vêtir sont certainement les plus importants. Et le vêtement, ne concerne pas que le corps, mais aussi les pieds qu’il faut bien couvrir.
Aujourd’hui, nous irons faire la connaissance d’Emmanuel, vendeur de chaussures à Lomé.
De la voiture aux chaussures
Dès 16h, Emmanuel un homme au teint noir, bien baraqué, 1,80 mètre dit Fo Yéma, ou Bata installe sa marchandise au bord de la route pavée de ce quartier populaire de la banlieue de Lomé.

« Moi c’est Emmanuel dit Fo Yéma ou encore Bata[i], cela fait 10 ans que je vends des chaussures . »
Il nous raconte son histoire, il n’a pas toujours été vendeur de chaussures. « J’ai été mécanicien 4 roues durant quelques années avant de me lancer dans cette aventure ».
Marié et père de famille, à 40 ans, il fallait bien trouver une activité plus rentable pour s’occuper des siens.
De l’approvisionnement à l’exposition
Pour vendre des chaussures, il faut être endurant et sûrement pas un « lève-tard » c’est

l’avis de notre ami, Fo Yéma. La marchandise en provenance de la Chine et des Etats-Unis d’Amérique, est disponible dès 4h du matin. Le lieu d’approvisionnement est le marché de Hedzranawé au Nord-Est de Lomé, auprès des grossistes nigérians qui ont le monopole de ce commerce.
« Pour moi, les meilleures chaussures sont celles de 2e main ou d’occasion, qui n’ont pas souvent un bel aspect à première vue. Elles sont plutôt de bonne qualité et leur aspect sale fait qu’on peut vous le brader ».
Après l’achat, il faut donc effectuer quelques petites retouches sur la marchandise : lavage, raccommodage si besoin et enfin cirage. C’est après cela, que Fo Yéma expose ses trésors.
Le quotidien de Fo Yema
De lundi à dimanche, vous trouverez Fo Yéma à coté de ses chaussures. « Beaucoup de personnes apprécient mes chaussures et j’ai des clients fidèles depuis 5-6ans, je suis ici de 16h à 22h ».
En moyenne, il peut accueillir 5 clients par jour.
« Je ne me plains pas, j’aime beaucoup ce métier, surtout au moment de la rentrée scolaire et des fêtes de fin d’année ».
Ces deux périodes sont les moments fastes où il réalise un bon chiffre d’affaires. Il se spécialise en ce moment dans la vente des chaussures pour enfants et adolescents. Ce qui fait la joie des parents très ravis d’avoir un large choix de chaussures à de bons prix (entre 3000 et 6000 F CFA, pour une paire ; 1 euro = 650 F CFA XOF).
Quel avenir ?
A la question de savoir, s’il a des projets, Fo Yéma est un peu hésitant. « A la longue, j’ouvrirai peut-être une boutique mais j’hésite encore. Les difficultés auxquelles certains de mes congénères ont fait face lorsque les agents du fisc (Office Togolais des Recettes- OTR), leur ont accordé une visite de courtoisie sont énormes ; beaucoup ont dû mettre la clé sous le paillasson », nous raconte-t-il, avec un sourire en coin. Raison pour laquelle, il ne nous a même pas autorisé à prendre une photo de lui.
Mais en attendant d’être confronté aux agents de l’OTR, Fo Yéma se sent à l’aise avec ses Abloni Fokpa[ii] , au bord de la route.
[i] Pourquoi Bata ? Pour la petite histoire, Bata, est une marque de chaussures d’origine tchèque (voir le lien dans le texte). Elle était très connue et très appréciée des togolais avec des boutiques sur tout le territoire. Difficile de sortir d’une boutique Bata sans trouver chaussure à son pied. La dernière boutique a fermé au milieu des années 80, au grand dam des togolais.
[ii] Abloni : déformation du mot Obroni d’origine Twi (langue ghanéene) qui signifie l’Occident ou l’Europe. Le terme est surtout utilisé pour désigner tout article d’occasion provenant de l’Europe et des Etats-Unis d’Amérique ; Fokpa ou afokpa : mot d’origine Ewe (langue togolaise) qui signifie chaussure.
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