Rêveries de décembre (Deuxième partie)

Bel homme approchant la quarantaine, Marc avait des fossettes et ses cheveux crépus, coupés très ras. Il arborait constamment ce sourire un peu narquois, d’avoir presque accompli tous ses rêves, mais d’être resté sur sa faim. Il était toujours à la recherche de la femme qui ferait pétiller sa vie : « The Perfect Sparkling Woman », qu’il disait.
Lily, elle, allait sur ses 35 ans, était une jeune femme épanouie, indépendante, charmante et coquette. De taille moyenne, elle avait des cheveux longs, toujours attachés en catogan et un teint chocolat à faire pâlir d’envie. Elle occupait le poste de réceptionniste dans une banque et habitait avec sa mère, dans une petite villa qu’elle avait louée.
Ils passèrent toutes les soirées de la semaine ensemble. Le vendredi, ils s’octroyèrent une virée en boîte avec des amis de Marc et profitèrent bien de cette soirée. A 2h, ils quittèrent leurs amis et rentrèrent à l’hôtel.
Pour cette première nuit que Lily passa avec Marc, ils se racontèrent leurs années passées l’un sans l’autre. Des vies en pointillés qui attendent le point final, signe de complétude.Ce fut comme dans un rêve : leurs deux corps s’accordèrent parfaitement comme un violon et son archet. Au petit matin, Lily quitta l’hôtel pour retrouver sa petite famille. Ce samedi, elle invita Marc à déjeuner à la maison. L’occasion de le présenter à sa mère et à son fils. Une belle journée, ensoleillée, que Lily passa sur un petit nuage.
- Mais Lily, on dirait bien que tu as enfin trouvé la paix du cœur, constata sa mère.
- Oui maman, je plane. Cela fait plusieurs années que je n’ai plus expérimenté ce bien-être qui m’envahit. J’espère sincèrement que cela va perdurer et que cette fois-ci ce sera la bonne personne.
- Croisons les doigts, répondit sa mère.
Après le déjeuner, ils regardèrent la télé et s’échangèrent des regards énamourés à n’en plus finir. Marc ne les quitta que tard dans la soirée. Ils se promirent de passer la journée du dimanche ensemble. Le lendemain, ils improvisèrent un pique-nique à la plage avec Matthieu. A les voir, tous les trois, on croirait vraiment voir une vraie famille, dans tous les cas c’est à cela qu’ils aspiraient : une belle famille recomposée.
Le reste de la semaine se passa sans encombre. Dans la journée, Marc passait le plus clair de son temps à écrire. Mis à part son agence de communication, son violon d’Ingres était l’écriture. Il avait à son actif la publication de deux recueils de nouvelles, un de poésie et un roman. Il en avait assez de cette vie esseulée où la solitude s’était érigée en maîtresse des lieux. Une compagne avec qui partager ses passions, ses rêves et ses projets, c’est tout ce qui manquait à son quotidien. Il pensait l’avoir trouvé en Lily. Elle incarnait tout ce qu’il avait toujours voulu chez une femme : douce, attentionnée, curieuse, franche et cette petite touche de spontanéité qui faisait éclater tout le bonheur qu’elle distillait autour d’elle.
Marc se voyait déjà vivre avec Lily dans sa maison. Mais voudrait-elle abandonner son travail et sa mère, seule famille qui lui restait pour le suivre ? C’était une question qui le taraudait et qu’il se ferait l’insigne honneur de lui poser dès que l’occasion se présenterait.
Dring ! Dring ! Dring ! La sonnerie du portail retentissait depuis quinze minutes déjà, sans que personne ne vienne ouvrir. Heureusement que Olivier, l’associé et meilleur ami de Marc, gardait toujours avec lui, le double des clés de la villa, que Marc lui avait donné. Il ouvrit le portail, poussa la porte du séjour qui n’était pas fermée à clé. Il passa par le couloir et rentra dans la chambre de Marc. Il le trouva affalé sur le lit.
- Mais Marc, que se passe-t-il ? il le secoua vivement. Marc, Marc, réveille-toi !!!
Depuis leur soirée arrosée, du 31 décembre, plus personne n’avait entendu parler de Marc. Il disait qu’il irait passer le nouvel an avec sa famille dans sa ville natale. Personne ne l’avait vu arriver. Depuis deux jours, que tout le monde le cherchait. Olivier a commencé à s’inquiéter, au moment où le frère de Marc l’a appelé pour signaler qu’il ne l’a jamais vu sortir du train ce matin du 1er janvier.
Olivier alla chercher à la cuisine, un grand verre d’eau pour le lui jeter à la figure. Il se réveilla, gourd, les yeux hagards, la bouche pâteuse.
- Hummm …. Que se passe-t-il ? où est Lily ?
- Quelle Lily ? Celle dont tu ne cesses de me bassiner les oreilles depuis des années ?
- Oui, j’ai bien cru l’avoir retrouvée et passée de bons moments avec elle.
- Mon cher tu as été loin dis donc !!!
- Du retour de notre soirée, j’ai pris 2 ou 3 cachets et je me suis assoupi.
- Donc, Marc, tu vas me dire que tu dors depuis 2 jours !!!!
Sur la table de chevet, se trouvait effectivement une boîte de somnifères. Marc en avait pris avec de la bière, ce qu’il ne fallait surtout pas faire, il a échappé de peu à un coma éthylique. Il se met à réfléchir : tout ce qu’il venait de vivre n’était en fait qu’un RÊVE ??!!!
Commentaires