Lumière sur quatre artistes togolais

Article : Lumière sur quatre artistes togolais
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22 février 2021

Lumière sur quatre artistes togolais

Il arrive qu’à l’évocation du nom de certains pays, l’on pense automatiquement à un artiste connu ou à un sportif célèbre. Au Togo, nous avons nos Toofan et notre Shéyi Emmanuel Adebayor. Pourtant beaucoup d’autres artistes togolais mériteraient aussi d’être connus pour leurs œuvres, félicités pour leur production afin qu’ils atteignent un public plus large et diversifié.

Aujourd’hui, je vous offre un voyage de découverte dans le monde littéraire et artistique togolais.

Kokouvi Dzifa Galley : auteur dramatique, poète et conteur

Cet auteur prolifique n’est certainement plus à présenter pour ceux qui le connaissent mais pour les novices, nous allons fièrement nous prêter au jeu.

Kokouvi Dzifa GALLEY, est un écrivain togolais né en 1980 au Togo. Il est titulaire d’une maîtrise en Sciences économiques, obtenue à l’Université de Lomé, en 2004. En 2005, il participe  à la « Ruche Sony Labou Tansi », une résidence d’écriture, au Mali.

En 2009, il obtient une bourse Beaumarchais avec résidence d’écriture à la Comédie de Saint-Etienne en France. La bourse Beaumarchais est une bourse octroyée par  Beaumarchais-SACD une association française créée en 1987 pour faire connaître les auteurs émergents, en les aidant et en les soutenant par un accompagnement professionnel. Ce qui permet de révéler ces artistes au grand public. Au fil des années,  Kokouvi Dzifa GALLEY participe à d’autres résidences d’écriture au Togo, au Cameroun ou encore en France. De toutes ces collaborations, sortent plusieurs œuvres de poésie et de théâtre.

Pour les recueils de poésie, nous pouvons trouver par exemple :

  • Vagues à lame, Editions Unicité, France, 2020.
  • Bris de vie, bris de souffle, Editions Ponts de Lianes, Togo, 2017.
  • Une Poignée de pierreries (collective) Editions Jentaju, France, 2014.
  • Souffles d’écritures (collective), Les Ateliers d’Ecriture de la Maison Verte, France.
Kokouvi Dzifa Galley/Crédit photo : Facebook Kokouvi Dzifa Galley

Pour les pièces de théâtre, les œuvres produites sont :

  • Otages, Editions Awoudy, Lomé, 2020
  • Un pas avant…, Editions Awoudy, Lomé, 2018.
  • La Réserve in Balade théâtrale 3, Editions Awoudy, Lomé, 2018.
  • Arènes intérieures in Une saison au Tarmac, Editions Passages, France, 2018.
  • Peau de braise in Balade théâtrale 2, Editions Awoudy, Lomé, 2015.
  • Dés-espérances in Balade théâtrale, Editions Awoudy, Lomé, 2013.
  • In-certitudes in NOUVEAUX DESORDRES EUROPEENS, Editions Lansman, Carnières-Morlanels, 2009.

En 2014, il sort un recueil, intitulé L’Oracle a parlé et autres contes du Togo, aux Editions Ponts de Lianes, Togo.

A quatre reprises, il est finaliste du Prix littéraire RFI Théâtre, entre 2016 et 2020.  En 2012, il est lauréat du Concours de la meilleure nouvelle de langue française. En 2013, il est finaliste du concours de littérature des VIIème jeux de la Francophonie qui ont lieu à Nice, en France et en 2014, du prix Napoli Racconta, en Italie.

Kokouvi Dzifa Galley/Crédit photo : Facebook Kokouvi Dzifa Galley

Notre auteur est aussi membre d’Escale des Ecritures, l’association togolaise des dramaturges. Et pour inciter la jeunesse à s’intéresser un peu plus à la lecture et à l’écriture, il est aussi animateur culturel dans les bibliothèques, au Togo.


Kokouvi Dzifa GALLEY/Crédit photo : Facebook Kokouvi Dzifa Galley

Chérifa Tabiou: autrice et illustratrice

Au Togo, les auteurs de la littérature pour enfants ne sont pas si nombreux, tout comme les illustrateurs dans ce domaine. Alors, ce fut une belle surprise pour nous de découvrir Chérifa Tabiou, au détour d’une publication, dans un groupe sur Facebook. Nous allons tout partager avec vous, sur cette jeune autrice franco-togolaise.

Née au Togo, Chérifa Tabiou est une trentenaire vivant en France, plus précisément dans la région parisienne.

Cherifa TABIOU/Crédit photo : cherifatabiou.com

Depuis son enfance, Chérifa est une dévoreuse de livres, et comme on le dit si bien l’appétit vient en mangeant. A force de lire, elle s’invente désormais un univers propre avec des personnages sortis tout droit de son imagination, qu’elle prenait plaisir à dessiner et à colorier.

Se met alors en place, les marches de l’escalier, qui vont la mener vers ses passions que sont l’écriture et le dessin.

Entre-temps, elle quitte sa terre natale pour des études supérieures en France. Mais elle écrit et dessine toujours, tout le long de ses études, d’espagnol, d’anglais, de communication puis de ressources humaines. Avec une carrière professionnelle qui démarre, Cherifa nourrit toujours le rêve de devenir écrivain.

L’année 2014 est celle de la création d’un blog de partage littéraire Bouquins-Land. A l’occasion, faites-y un tour, vous ne pourriez-vous empêcher de lire tous les billets et de vouloir acheter très vite, tous les romans dont Chérifa parle si bien.

En 2017, c’est le déclic, elle décide de porter à la vie ce secret enfoui en elle, depuis son enfance : devenir écrivain. Pour Chérifa, la vie est trop courte. Elle décide de poser les marques pour atteindre son objectif. En parallèle, elle se remet au dessin et s’autoforme grâce aux outils à sa disposition.

Motivée par le désir d’écrire ses propres histoires, avec pour personnages principaux des afro-descendants, qui inspirent et envoient une image positive de la communauté noire dans la littérature contemporaine, elle sort son premier roman en auto édition en 2018 : « Dans la peau d’Audie ». C’est l’histoire d’une jeune trentenaire, dans sa quête du bonheur tant dans sa vie professionnelle que sentimentale. Elle décide de faire preuve d’audace, de culot, pour sortir du moule et s’affranchir des codes imposés, parce que victime de jalousie et d’a priori au sein de son entreprise, et incomprise par ses proches.

Elle ne s’arrête pas à la sortie de ce premier roman. Désireuse d’apporter plus de diversité dans la littérature jeunesse, Chérifa, mère de deux filles, sort en 2020 une collection d’albums jeunesse afin d’offrir aux enfants issus de la communauté noire, des héros qui leur ressemble : cheveux crépus, peau noire, etc. Ce sont les jumeaux, Aida et Eli, dans leur quotidien, avec leur famille et leurs amis. Dans cette collection, vous avez déjà cinq albums que vous découvrirez sur le site de Chérifa : https://www.cherifatabiou.com/ et achèterez certainement avec plaisir à vos enfants. Nous vous signalons que Chérifa illustre elle-même, la couverture et les images de ses albums. Une autrice tout à fait complète, en somme.

Les livres de la collection « Aida et Eli »/Crédit photo : cherifatabiou.com

Fiogbé Kouassi Emmanuel Sossou : l’artiste aux mille talents

Fiogbé Kouassi Emmanuel SOSSOU, professeur des collèges et lycées à la retraite, a plusieurs cordes à son arc. Né au Togo dans les années 1950, Emmanuel commença ses études au Togo pour les continuer au Bénin. Après son bac, il revint au Togo pour débuter une année de droit, qu’il abandonna très vite pour se tourner vers l’enseignement.

De la fin des années 1970 jusqu’à sa retraite en 2016, il fut tour à tour, professeur de mathématiques, de sciences physiques, de biologie. A côté de son métier d’enseignant, il prépare et obtient des diplômes professionnels en dessin d’art plastique. Ce qui lui permet de donner aussi des cours de dessin.

Emmanuel SOSSOU/Crédit photo : Facebook Emmanuel Sossou

Mais retournons en 1977, où Emmanuel rencontra le maître incontesté de l’art togolais, de regrettée mémoire le professeur Paul Ahyi (1930-2010), concepteur du drapeau togolais. D’élève, il est devenu le compagnon du professeur d’art, qui lui apprit ses techniques. Nous citerons entre autres : la sculpture,  la peinture à l’huile, au pastel, l’eau forte (une technique de gravure sur du métal) et le Zota.

Le Zota est une technique créée par le professeur Paul Ahyi, qui consiste à peindre sur une plaque de bois avec le feu. Zo signifie feu et Ta signifie dessiner ou peindre en langue ewe du sud Togo.

Œuvre réalisée au ZOTA, 2016/Crédit photo : Emmanuel Sossou

En digne disciple du professeur Paul Ahyi, Emmanuel Sossou a exposé ses œuvres partout dans le monde : en Côte d’Ivoire, au Ghana, en Mauritanie, en Allemagne, en France, au Brésil, en Chine et aux USA, pour ne citer que ces pays. Nous retrouvons aussi certaines de ses œuvres  dans des collections tant privées que publiques, notamment à la Présidence du Togo, au siège de l’Ecobank  (ETI) à Lomé, à l’Hôtel du 2 Février, etc.

Tête de femme, 2021/Crédit photo : Emmanuel Sossou
Sculpture en bois/Crédit photo : Emmanuel Sossou

En plus de tout ce qu’il sait déjà faire, il faut ajouter la maîtrise de la guitare dont Emmanuel est un virtuose, il est aussi compositeur de chansons. Il a ainsi inspiré plus d’un artiste togolais. Nous pouvons citer RX Patou, Small Poppy, Black Joe ou Dana Freitas, pour ceux qui maîtrisent la scène musicale togolaise.

Tête de femme, 2020/Crédit photo : Emmanuel Sossou

Emmanuel est également un photographe accompli. Pouvons-nous dire qu’Emmanuel SOSSOU est un « polymathe » ? Certainement ! Aujourd’hui, il est le président de l’ASTAP (Association Togolaise des Artistes Plasticiens), association créée par le Professeur Paul AHYI.

Kokouda Amededjisso dit « Edmond Prince » : portraitiste et « stylographe »

Edmond Prince est un artiste de la nouvelle génération déterminé à se faire connaître. C’est au cours de nos vadrouilles sur les réseaux sociaux, que nous avons découvert ce talentueux artiste sur les stories instagram de Hey Manouchka. Après nos échanges très fructueux, nous avons voulu vous le faire connaître un peu plus.

Dessinateur depuis son enfance, il a mis son talent en veilleuse pour se consacrer à ses études.  Après l’obtention de son baccalauréat, il fit durant trois ans des études de gestion (comptabilité, contrôle et audit) à l’Université de Lomé avant de s’envoler pour l’Arabie Saoudite.

Edmond Prince/Crédit photo : Instagram Edmond Prince

En 2018, il revient sur sa terre natale, le Togo. Au début de l’année 2019, il prend la route du Ghana, pays voisin pour se perfectionner. Il y passa six mois avec un maître dans l’art, dans un atelier de « portrait style fine art ». A la suite, Edmond Prince, s’attacha fermement à ses outils de travail pour mieux développer son art. En août 2019, il passa son examen à l’ATTC (Accra Technical Training Center), une école du gouvernement ghanéen, soutenu par le Canada,  pour obtenir son diplôme.

Toujours souriant, Edmond Prince affirme qu’avec la passion du travail, la détermination et la foi en soi, tout est possible. Il maîtrise aussi bien le pinceau que le stylo à bille communément appelé « bic ». Avec tout ce talent, c’est sûr qu’il fait déjà partie de la relève artistique du Togo. A 29 ans, Edmond Prince espère que des horizons s’ouvriront à lui, comme il le dit lui-même : « Pour 2021, l’un de mes projets est la participation à des expositions. J’ai d’ailleurs des œuvres en cours de préparation. Je voudrais aussi travailler un peu plus dans la street (street art) en tant que muraliste et essayer encore plus de nouvelles techniques. Puisque je ne me définis pas en tant que spécialiste mais je me trouve plutôt dans la diversité.« 

Pour apprécier ses œuvres et le soutenir, faites un tour sur ses profils disponibles sur les réseaux sociaux aux adresses suivantes : instagram et facebook.

En attendant, en voici quelques unes.

Jaguar, exécuté au black pen/Crédit photo : Instagram Edmond Prince
Nelson Mandela, portrait réalisé au stylo bic/Crédit photo : Instagram Edmond Prince
Pop art en acrylique gloss sur toile/Crédit photo : Instagram Edmond Prince

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Commentaires

Eleonore
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Merci pour les découvertes

Benedicta honyiglo
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Je t'en prie ! Merci à toi, d'être régulière par ici.

Marek Abi
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Nice nice nice !

Benedicta honyiglo
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Thanks, thanks, thanks !

Bamazi Talle
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Mme Benedicta,
Vous faite la fiertee du Togo mon beau Pays Natale
Que le bon Dieu infinis Vous proteges, vous comble de sagesse, et vous beigne dans son ocean d'inspiration .
Votre frere et ami Maître Talle Bamazi.

Benedicta honyiglo
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Merci à vous aussi d'être passé ici, Maître

Kokou Agbéko
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Quelle belle découverte ! Merci d'avoir mis sous le feu des projecteurs ces compatriotes qui sont pétris de talent. Comme vous même d'ailleurs. Dans tous les cas c'est le 228 qui gagne.

Bon vent et courage à tous !

Benedicta honyiglo
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"Ce sont plusieurs brindilles qui font un balai", pour paraphraser un proverbe du Togo. Merci à vous, d'avoir lu et commenté; et pour le compliment !

Neko
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Merci Benedicta. super article.

Benedicta honyiglo
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J'apprécie vraiment ta visite et ton commentaire. Merci et à très bientôt !

Marc Ayi D'ALMEIDA
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Merci Bénédicta, de nous avoir fait découvrir nos talentueux compatriotes... Bravo à eux.

Benedicta honyiglo
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C'est vraiment un plaisir pour moi de mettre mes compatriotes sous le feu des projecteurs.

Prosper DEGBE-ATTIFLI
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Très bon article, chère amie. Belle initiative qui nous offre de si belles découvertes. Merci à toi.
Courage, courage et courage !

Agbedemegbe koami
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Je sais que tu vas percer Ed beaucoup de courage je suis déjà convaincu tellement le talent t'as lavé waoooooh

Kolassoga
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Merci bcp pour les découvertes

Benedicta honyiglo
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Je vous remercie aussi d'être passé ici.

Armelle
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Merci pour cette belle découverte Bénédicte

Benedicta honyiglo
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Merci également à toi aussi, de venir souvent sur ce blog.

pierrette
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merci à toi pour le partage

Benedicta honyiglo
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Je te remercie aussi !

Blansha
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Beau billet très instructif

Aurore Hidi
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Merci pour ces belles découvertes

Benedicta honyiglo
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Merci Aurore !

esossou44@gmail.com
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C'EST SUPER BÉNÉDICTE H. LIMPIDES COMME D'HABITUDE. TOUTES MES FÉLICITATIONS POUR LES RECHERCHES ET L'ÉCRITURE.
SOSSOU FIOGBE KOUASSI EMMANUEL
PROF PLASTICIEN.

Benedicta honyiglo
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Je vous remercie d'avoir permis que j'écrive sur vous.