Portrait – Trouver chaussure à son pied chez Emmanuel

Article : Portrait – Trouver chaussure à son pied chez Emmanuel
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10 novembre 2016

Portrait – Trouver chaussure à son pied chez Emmanuel

Des besoins de l’homme, se nourrir et se vêtir sont certainement les plus importants.  Et le vêtement, ne concerne pas que le corps, mais aussi les pieds qu’il faut bien couvrir.

Aujourd’hui, nous irons faire la connaissance d’Emmanuel, vendeur de chaussures à Lomé.

De la voiture aux chaussures

Dès 16h, Emmanuel un homme au teint noir, bien baraqué, 1,80 mètre dit Fo Yéma, ou Bata  installe sa marchandise au bord de la route pavée de ce quartier populaire de la banlieue de Lomé.

Chaussures exposées au sol
Chaussures exposées au sol

« Moi c’est Emmanuel dit Fo Yéma ou encore Bata[i], cela fait 10 ans que je vends des chaussures . »

Il nous raconte son histoire, il n’a pas toujours été vendeur de chaussures. « J’ai été mécanicien 4 roues durant quelques années avant de me lancer dans cette aventure ».

Marié et père de famille, à 40 ans, il fallait bien trouver une activité plus rentable pour s’occuper des siens.

De l’approvisionnement  à l’exposition

Pour vendre des chaussures, il faut être endurant et sûrement pas  un « lève-tard » c’est

Chaussures exposées sur un tringle
Chaussures exposées sur un tringle

l’avis de notre ami, Fo Yéma. La marchandise en provenance de la Chine et des Etats-Unis d’Amérique, est disponible dès 4h du matin. Le lieu d’approvisionnement est le marché de Hedzranawé  au Nord-Est de Lomé, auprès  des grossistes nigérians qui ont le monopole de ce commerce.

« Pour moi, les meilleures chaussures sont celles de 2e main ou d’occasion, qui n’ont pas souvent un bel aspect à première vue. Elles sont plutôt de bonne qualité et leur aspect sale fait qu’on peut vous le brader ».

Après l’achat, il faut donc effectuer quelques petites retouches sur la marchandise : lavage, raccommodage si besoin et enfin cirage. C’est après cela, que Fo Yéma expose ses trésors.

Le quotidien de Fo Yema

De lundi à dimanche, vous trouverez Fo Yéma à coté de ses chaussures. « Beaucoup de personnes apprécient mes chaussures et j’ai des clients fidèles depuis 5-6ans, je suis ici de 16h à 22h ».

En moyenne, il peut accueillir 5 clients par jour.

 « Je ne me plains pas, j’aime beaucoup ce métier, surtout au moment de la rentrée scolaire et des fêtes de fin d’année ».

Ces deux périodes sont les moments fastes où il réalise un bon chiffre d’affaires. Il se spécialise en ce moment dans la vente des chaussures pour enfants et adolescents. Ce qui fait la joie des parents très ravis d’avoir un large choix de chaussures à de bons prix (entre 3000 et 6000 F CFA, pour une paire ; 1 euro = 650 F CFA XOF).

Quel avenir ?

A la question de savoir, s’il a des projets, Fo Yéma est un peu hésitant. « A la longue, j’ouvrirai peut-être une boutique mais j’hésite encore. Les  difficultés auxquelles certains de mes congénères ont fait face lorsque les agents du fisc (Office Togolais des Recettes- OTR), leur ont accordé une visite de courtoisie sont énormes ; beaucoup ont dû mettre la clé sous le paillasson », nous raconte-t-il, avec un sourire en coin. Raison pour laquelle, il ne nous a même pas autorisé à prendre une photo de lui.

Mais en attendant d’être confronté aux agents de l’OTR, Fo Yéma se sent à l’aise avec ses Abloni Fokpa[ii] , au bord de la route.

[i] Pourquoi Bata ? Pour la petite histoire, Bata, est une marque de chaussures d’origine tchèque (voir le lien dans le texte). Elle était très connue et très appréciée des togolais avec des boutiques sur tout le territoire. Difficile de sortir d’une boutique Bata sans trouver chaussure à son pied. La dernière boutique a fermé au milieu des années 80, au grand dam des togolais.

[ii] Abloni : déformation du mot Obroni d’origine Twi (langue ghanéene) qui signifie l’Occident ou l’Europe. Le terme est surtout utilisé pour désigner tout article d’occasion provenant de l’Europe et des Etats-Unis d’Amérique ;  Fokpa ou afokpa : mot d’origine Ewe (langue togolaise) qui signifie chaussure.

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Commentaires

Armelle K
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Merci ma belle pour ce partage, courage dans ton aventure et que Dieu te donne l’intelligence nécessaire pour continuer

Benedicta honyiglo
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Merci ma grande et ménageons nos chaussures : ballerines, tongs, escarpins, etc...lol

Mawulolo
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Qui veut marcher longtemps ménage sa chaussure (sa pointure même)

Benedicta honyiglo
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Une vérité partagée !! Merci.

kutukamus
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I hope someday Fo Yema will have his own store (in a friendly tax system, that is) :)

Benedicta honyiglo
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We hope so and wish him the best for his future !! Thanks !

Mister Jay
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C'est toujours un réel plaisir de te lire ! Une foule de souvenirs remonte en moi rien qu'à l'évocation de Bata... Vivement la prochaine publication...

Benedicta honyiglo
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Merci, rendez-vous pour un prochain billet !

JP
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a travers ce petit recit, jeme suis retrouve dans ma ville Lome. simple mais fascinante a la fois

Benedicta honyiglo
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Lomé la belle, lomé vivina !!! merci Jp !

Eli
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L'abloni a de beaux jours devant lui en tout cas. Bon récit

Benedicta honyiglo
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Effectivement, vive l'abloni ! Merci Eli !

Lea Galley
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100 kilometres a pied sa use sa use ..les souliers..Ma soeur ces paveto tu fait internationaliser comme sa..Bravissimo..la fin de l'autre histoire de Da Loco..j'attends tjrs. Kiss & love from Nutley.

Benedicta honyiglo
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Lol.... Bisous de Lomé aussi !!!

Arnaud
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Hommage à tous ces "Fo Yéma" qui ont choisi de se débrouiller envers et contre tout, pour nourrir honnêtement leurs familles!!!

Benedicta honyiglo
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Oui,Hommage à tous ceux qui se 'débrouillent" dans le bon sens du terme pour s'occuper de leur famille !! merci de ta visite Arnaud.

Angelo
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"Pas un pas sans Bata". C'était la belle époque.
Très belle plume Kekeli.
Merci pour la richesse de billet très simplement rendu.
T'es douée, j'attends avec impatience les prochains.

Benedicta honyiglo
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Merci pour votre passage sur mon blog,j'espère que vous y serez régulier, M. Angelo !! Et au prochain billet !!!!

lidi
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Bene...je me suis mise depuis peu à te lire et déjà je suis devenue accro à tes écrits.....bonne suite.

Benedicta honyiglo
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Woezon loo, ne va plus ailleurs...lol