Portrait – Da Massan, la taxiwoman
Taxiwoman? Oui, monter dans un taxi avec une dame comme chauffeur, c’est un vrai délice. Place à Da Massan, la taxiwoman, dans les rues de Lomé la belle.
Note de l’auteur : ce portrait est une pure fiction.

La routine matinale
Du haut de ses 42 ans, Da Massan a déjà eu plusieurs carrières. Elle a d’abord été comptable dans une société de BTP de Lomé. Suite à son licenciement et n’ayant plus les moyens de subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille, elle eut l’idée de devenir « taxiwoman ». Elle a passé son permis de conduire. Son mari qui vit en Europe lui a envoyé une voiture de marque japonaise, très connue. Son aventure dans ce monde très masculin, a commencé voici 4 ans déjà.
« Mon réveil est à 5 heures. Après ma prière matinale, je m’occupe de ma voiture. Je procède aux vérifications habituelles : niveau d’huile, d’eau, du carburant, état de la batterie », explique-t-elle. Elle précise qu’elle en prend le plus grand soin car c’est son gagne-pain. Ensuite elle réveille ses enfants : Delali, 10 ans au CM1 et Mawuena 8 ans au CE2, pour les préparer pour l’école.

En voiture !
C’est après avoir déposé ses enfants à l’école que la journée de Da Massan commence. Elle habite à Adidogomé, un quartier en banlieue Nord-Ouest de Lomé. « Sur ce tronçon, il y a énormément de clients, mais aussi beaucoup d’embouteillages, compte tenu de la grande population qui y habite. »
Certains clients lui sont devenus familiers, car ils empruntent régulièrement son taxi. Le trajet habituel est Adidogomé-Assiganmé, qui coûte 400 francs CFA. Parfois des clients ne font pas le trajet complet. Ce qui fait les affaires de Da Massan, le terminus étant Assiganmé, le grand marché de Lomé.
Les qualités de la bonne taxiwoman
Da Massan est devenue une experte du volant avec les motos taxi ou zémidjans qui pullulent à Lomé et font du slalom à tout vent. Elle est toujours sur le qui-vive.
Être conductrice de taxi, est aussi un véritable parcours du combattant : entre le harcèlement des policiers qui vous demandent « leur billet bleu[1] pour le café » à tout va, sans vérifier les pièces du véhicule ; l’achat des tickets de la mairie ; l’achat des tickets des syndicats des chauffeurs de taxi et en dernier, ceux de la direction des impôts. Da Massan, avec le temps, est devenue patiente et courageuse pour affronter toutes ces tracasseries quotidiennes.
Les bons côtés du métier
Malgré le prix du carburant qui ne cesse de faire le yo-yo, la concurrence des taxis moto et les prix cassés des bus de la Sotral (Société des Transports de Lomé), Da Massan arrive toujours à tirer son épingle du jeu.
Et il y a aussi quelques belles rencontres. « Il y a 2 ans, j’ai pris une dame à bord de mon véhicule, qui accompagnait sa sœur à terme, à l’hôpital pour accoucher. Pressées qu’elles étaient et vu l’urgence de la situation, l’accompagnatrice a oublié son téléphone portable dans mon taxi. Par un coup de chance, j’ai récupéré l’appareil qui était celui de la future maman et sur lequel le mari n’arrêtait pas d’appeler. J’ai répondu à l’appel et rejoins le mari, pour l’amener à l’hôpital. L’accouchement se déroula sans problème. Ce fut une fille dont je devins même la marraine. Depuis, une belle amitié est née entre cette famille et moi. »
L’avenir du métier
Da Massan n’est pas pressée de quitter ce métier, car elle s’y sent bien. Il y a même un projet qui germe dans sa tête : celui de développer une entreprise de taxis privés. Elle se donne encore quelques années pour le réaliser. Mais en attendant, vive les rues de Lomé !
[1] La coupure du billet de 2000 FCFA (XOF) est de couleur bleue et équivaut à 3,075 Euros
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