Benedicta honyiglo

Sachets plastiques : changeons nos habitudes !

 

La mondialisation ayant gagné tous les secteurs de la société, presque toutes les civilisations tendent à se confondre et les habitudes des uns et des autres tendent à devenir uniformes et universelles. Ainsi l’usage du sachet plastique est devenu un fait commun. Pourtant il est de ces habitudes qu’il n’est point bon d’acquérir. A cette allure, pourra-t-on alors un jour éradiquer l’usage du sachet plastique non biodégradable ?
Les belles manières d’antan

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Sac en toile cirée. Photo : Bénédicta

Si nous remontons à quelques années de cela, l’usage du sachet plastique non biodégradable n’était pas si répandu au Togo. Enfant, je me souviens que nous ne pouvions sortir acheter un produit consommable sans prendre un contenant (assiettes pour les produis solides, gobelet en inox avec couvercle pour  les produits liquides) que nous couvrions d’un torchon propre. Jamais nos mères n’allaient au marché sans leur sac tressé en osier, en tissu, ou encore sans leur sac en toile cirée à l’effigie des sociétés de la place.

Hélas, toutes ces habitudes se sont perdues ! Nous sommes tous plus ou moins accoutumés à acheter tout et n’importe quoi, dans ces sachets noirs ou d’autres couleurs qui font usage de fourre-tout. D’aucun diront que la cause de cette déliquescence de nos mœurs est liée à la frénésie dont notre monde est victime. Jamais assez de temps pour bien faire ou pour préparer d’avance quoi que ce soit. Tout va vite : aussitôt pensé aussitôt fait !

Les conséquences néfastes pour l’environnement et pour notre santé

A l’allure où notre environnement est en train d’être dégradé, l’utilisation de ce fléau qu’est le sachet plastique non biodégradable est à proscrire et vite ! Il est plus qu’urgent d’inculquer à la génération actuelle et future, la préservation de certaines valeurs essentielles parmi lesquelles la protection de notre nature.

Des études ont démontré également  les conséquences dangereuses de l’utilisation du sachet plastique non biodégradable sur notre santé. Toute substance chaude mise au contact du plastique et en l’occurrence du sachet plastique non biodégradable dégage des molécules qui sont source de divers maux. Certaines fois, ces substances peuvent même annihiler le traitement contre ces maladies, surtout dans le cas particulier du cancer.  Tout ceci est une menace pour nos vies comme le dit si bien ce billet de mon concitoyen.

Ces sachets, qui pullulent dans nos rues sont évidemment de véritables «  casse-tête » pour nos canalisations en temps normal et plus encore en saison pluvieuse. Certains animaux domestiques et même marins, en sont devenus des consommateurs forcés.

Ordures ménagères sous un pont. Crédit photos : labeautedutonkpi.files.wordpress.com

Aux dernières nouvelles, un continent composé de déchets dont la grande partie est faite de plastiques a été découvert dans le pacifique, dans une zone peu fréquentée par les navires.

Quelles mesures les Etats mettent-ils en place ?

Mis à part le Rwanda qui a fait montre d’une énergie remarquable pour interdire l’importation et l’usage du sachet plastique non biodégradable sur tout son territoire, peu de pays ont véritablement une politique efficace pour lutter contre ce phénomène.

Au Togo, un décret est promulgué depuis 2011 mais personne ne semble y faire attention. L’Etat fait montre d’un laxisme effarant. Une brigade verte a néanmoins été créée pour mener des campagnes de sensibilisation. Mais cela doit être sûrement un leurre pour détourner l’attention de la population. Car la brigade ne mène ses actions qu’à l’annonce des grandes rencontres internationales.

Le lobby du plastique a encore de beaux jours devant lui. Le marché togolais, est inondé de sachet plastique non biodégradable produit sur place et alimenté aussi par les filières clandestines en provenance des pays voisins. A qui profite le crime ?

Déjà à la base, un programme doit être intégré dans l’enseignement dès le cours primaire pour intéresser nos enfants à la préservation de leur environnement.

Mais en attendant voici quelques habitudes que nous pouvons adopter chacun à notre niveau :

  • Toujours penser à sortir avec soi ou à garder sur soi, un sac en toile ou en coton lavable et réutilisable à volonté
  • Eviter le plus possible l’achat de tout aliment chaud ou froid dans du sachet plastique
  • Et pour ceux qui le peuvent, apprendre cette belle technique japonaise qui consiste à transformer un foulard en sac

Préservons notre environnement !

 

 


Les langues nationales : un trésor pour l’Afrique

L’une des plus grandes richesses de l’Afrique est sans nul doute sa culture, et l’on ne saurait parler de culture africaine sans parler des différentes langues nationales qui la composent. Le continent africain dispose en effet d’un peu plus de 2000 dialectes.

Autour de moi, je remarque bien souvent que nombre de mes connaissances (familiales ou professionnelles) et à mon corps défendant, négligent l’apprentissage de nos langues nationales à leur progéniture au profit de la « langue du colonisateur ». Ils préfèrent ainsi s’exprimer ou converser avec leurs enfants en langue française. Cela m’offusque au plus haut point car je suis très fière de mes racines africaines, peut-être un peu trop, et dès que j’en ai l’occasion, je le clame haut et fort.

Les langues nationales, outils politiques
Il est peu fréquent de voir nos responsables politiques s’exprimer dans nos langues stock-photo-large-group-of-black-and-white-people-seen-from-above-gathered-together-in-the-shape-of-africa-308982203locales. Parmi ces rares épisodes il en est un, qui est resté gravé dans ma mémoire : en 1998 je vis pour la première fois feu Gnassingbé Eyadéma, s’exprimer en Kabyè(1) au cours de la campagne présidentielle et son directeur de campagne de l’époque Selom Klassou (l’actuel premier ministre) lui emboîter le pas en usant de l’Ewé (1) pour expliquer le processus du vote à leur électorat.

Cela m’avait énormément plu, d’autant plus qu’à cette époque nous n’étions pas du tout habitué à entendre la voix du Général Eyadéma en direct sans qu’il ne passât par les laboratoires de la TVT(2) et encore moins en Kabyè (1) . C’était la cerise sur le gâteau !!!

Les langues nationales, instruments adéquats pour atteindre les couches populaires
La multiplicité et la diversité de nos langues nationales africaines ne nous facilitent pas la tâche, ce qui a entraîné l’apparition de ces langues véhiculaires comme le Nouchi en Côte d’Ivoire, le Ghanaian Pidgin English (GhPE) ou Kru English au Ghana ou encore le Broken English au Nigeria (ce dernier a même un dictionnaire interactif en ligne). Ces langues créoles sont utilisées au quotidien par une grande partie de la population comme outil commercial et d’intégration.

stock-vector-hello-word-cloud-in-different-languages-of-the-world-background-concept-366013430Au début des années 2000, avec l’apparition des radios de proximité, l’usage de la langue nationale est devenu une nécessité. Elle permet de toucher une plus grande frange de la population, malheureusement analphabète, mais au cœur du développement du pays.

Je félicite en cela la radio Nana FM, pionnière en la matière à Lomé, autrefois installée au cœur du Grand Marché de Lomé, centre névralgique de l’économie togolaise et fief des célèbres Nana Benz(3) . Avec ses journalistes vedettes : Bruno Mensah et Dédé Massognan Hunlédé dite Da Dédé, la radio a su développer une panoplie d’émissions interactives en Mina (1) , à la grande joie de son auditorat.

L’usage de la langue nationale sur les médias est aussi présent dans certains pays de l’Afrique francophone subsaharienne en l’occurrence le Sénégal qui est un précurseur en la matière à l’instar de la chaîne privée, 2STV où le Wolof occupe une place prépondérante. Comme l’atteste ce billet de mon compatriote.

Les langues nationales, au centre de l’éducation
Pendant longtemps, s’exprimer en langue locale était une honte pour certains togolais, et beaucoup préférait parler un français bancal plutôt que de s’exprimer en langue nationale. Je me rappelle encore cette coquille d’escargot qu’on nous faisait porter au cou à l’école primaire, lorsque vous étiez surpris en train de parler le vernaculaire c’est-à-dire le Mina . On l’appelait « signal » , ne me demandez surtout pas l’explication, je ne saurai vous la donner (rires…)
Pourtant, officiellement, au Togo deux langues nationales sont privilégiées : l’Ewé (1) au sud et le Kabyé (1) au nord, imposées dans le cursus scolaire et qui doivent être enseignées au Collège.

La « langue du colonisateur » est certes nécessaire (puisque moi-même j’en use ici pour faire passer mon message) dans notre éducation et dans celle de nos enfants, mais je place toujours nos langues nationales en première place, car je trouve que son usage construit notre personnalité, exposée que nous sommes actuellement à l’immigration et à la globalisation du monde.

Imaginez une famille africaine de 4 enfants, tous devenus adultes et installés aux quatre coins du monde : USA, Finlande, Chine et Brésil, dont les enfants issus de cette culture mixte se retrouvent en vacances au pays, de leurs géniteurs. Quel peut être le lien entre ces cousins, si ce n’est la langue nationale, que fort heureusement, leurs parents n’ont pas négligé de leur apprendre ? Ce qui permettra aux chers cousins de pouvoir communiquer aisément avec les grands stock-vector-set-of-social-people-on-world-map-with-speech-bubbles-in-different-languages-male-and-female-faces-322881275parents restés au pays et de pouvoir s’intégrer à leur communauté d’origine.

Je fais un usage fréquent de la langue nationale, lorsqu’il s’agit de donner des explications à mes enfants qui n’ont pas encore toute la maîtrise de la langue française. D’un point de vue académique, cela les aide à mieux comprendre les matières enseignées en français. Plusieurs recherches  l’ont prouvé, les enfants apprennent mieux dans leur langue nationale. Durant une certaine période en Guinée, feu Président Sékou Touré a imposé, l’utilisation des langues nationales dans leur système éducatif. Mais cela n’a pas tout à fait réussi, à cause d’un mauvais suivi et de la tournure politique que cela a pris.

Pour ma part, je place les langues nationales sur un piédestal, dans l’éducation donnée à nos enfants.

Parler et maîtriser sa langue nationale est pour moi une nécessité. Cela fait de la majorité des africains qui ont fait des études, des bilingues. Malgré la multiplicité de ces langues nationales, certaines à l’instar du Haoussa(5) et du Swahili(6) , arrivent quand même à tirer leur épingle du jeu. Pourrions-nous alors croire en de meilleurs lendemains pour nos langues nationales ? Qu’elles deviennent aussi usitées que l’anglais, le français ou l’espagnol ? Le débat est lancé.

Mia do go !!!  (A nous revoir, en langue Ewé)

 ______________________

[1]Kabyè, Ewé, Mina  : langues  du Togo

[2] TVT : TéléVision Togolaise, la chaîne nationale de télé

[3]Nana Benz : grande commerçante de pagne Wax conduisant des voitures de marque benz.

[4] Wolof : une des langues nationales du Sénégal

[5] Haoussa ou hausa : langue tchadique parlée en Afrique de l’Ouest

[6] Swahili : langue bantoue parlée en Afrique de l’Est


Portrait – Trouver chaussure à son pied chez Emmanuel

Des besoins de l’homme, se nourrir et se vêtir sont certainement les plus importants.  Et le vêtement, ne concerne pas que le corps, mais aussi les pieds qu’il faut bien couvrir.

Aujourd’hui, nous irons faire la connaissance d’Emmanuel, vendeur de chaussures à Lomé.

De la voiture aux chaussures

Dès 16h, Emmanuel un homme au teint noir, bien baraqué, 1,80 mètre dit Fo Yéma, ou Bata  installe sa marchandise au bord de la route pavée de ce quartier populaire de la banlieue de Lomé.

Chaussures exposées au sol
Chaussures exposées au sol

« Moi c’est Emmanuel dit Fo Yéma ou encore Bata[i], cela fait 10 ans que je vends des chaussures . »

Il nous raconte son histoire, il n’a pas toujours été vendeur de chaussures. « J’ai été mécanicien 4 roues durant quelques années avant de me lancer dans cette aventure ».

Marié et père de famille, à 40 ans, il fallait bien trouver une activité plus rentable pour s’occuper des siens.

De l’approvisionnement  à l’exposition

Pour vendre des chaussures, il faut être endurant et sûrement pas  un « lève-tard » c’est

Chaussures exposées sur un tringle
Chaussures exposées sur un tringle

l’avis de notre ami, Fo Yéma. La marchandise en provenance de la Chine et des Etats-Unis d’Amérique, est disponible dès 4h du matin. Le lieu d’approvisionnement est le marché de Hedzranawé  au Nord-Est de Lomé, auprès  des grossistes nigérians qui ont le monopole de ce commerce.

« Pour moi, les meilleures chaussures sont celles de 2e main ou d’occasion, qui n’ont pas souvent un bel aspect à première vue. Elles sont plutôt de bonne qualité et leur aspect sale fait qu’on peut vous le brader ».

Après l’achat, il faut donc effectuer quelques petites retouches sur la marchandise : lavage, raccommodage si besoin et enfin cirage. C’est après cela, que Fo Yéma expose ses trésors.

Le quotidien de Fo Yema

De lundi à dimanche, vous trouverez Fo Yéma à coté de ses chaussures. « Beaucoup de personnes apprécient mes chaussures et j’ai des clients fidèles depuis 5-6ans, je suis ici de 16h à 22h ».

En moyenne, il peut accueillir 5 clients par jour.

 « Je ne me plains pas, j’aime beaucoup ce métier, surtout au moment de la rentrée scolaire et des fêtes de fin d’année ».

Ces deux périodes sont les moments fastes où il réalise un bon chiffre d’affaires. Il se spécialise en ce moment dans la vente des chaussures pour enfants et adolescents. Ce qui fait la joie des parents très ravis d’avoir un large choix de chaussures à de bons prix (entre 3000 et 6000 F CFA, pour une paire ; 1 euro = 650 F CFA XOF).

Quel avenir ?

A la question de savoir, s’il a des projets, Fo Yéma est un peu hésitant. « A la longue, j’ouvrirai peut-être une boutique mais j’hésite encore. Les  difficultés auxquelles certains de mes congénères ont fait face lorsque les agents du fisc (Office Togolais des Recettes- OTR), leur ont accordé une visite de courtoisie sont énormes ; beaucoup ont dû mettre la clé sous le paillasson », nous raconte-t-il, avec un sourire en coin. Raison pour laquelle, il ne nous a même pas autorisé à prendre une photo de lui.

Mais en attendant d’être confronté aux agents de l’OTR, Fo Yéma se sent à l’aise avec ses Abloni Fokpa[ii] , au bord de la route.

[i] Pourquoi Bata ? Pour la petite histoire, Bata, est une marque de chaussures d’origine tchèque (voir le lien dans le texte). Elle était très connue et très appréciée des togolais avec des boutiques sur tout le territoire. Difficile de sortir d’une boutique Bata sans trouver chaussure à son pied. La dernière boutique a fermé au milieu des années 80, au grand dam des togolais.

[ii] Abloni : déformation du mot Obroni d’origine Twi (langue ghanéene) qui signifie l’Occident ou l’Europe. Le terme est surtout utilisé pour désigner tout article d’occasion provenant de l’Europe et des Etats-Unis d’Amérique ;  Fokpa ou afokpa : mot d’origine Ewe (langue togolaise) qui signifie chaussure.


Dame Loco et mon rendez-vous

Ce samedi, je devais retrouver un ex-amoureux revenu des Etats-Unis. Presque 12 ans qu’on s’était perdu de vue (au propre comme au figuré, malgré les réseaux sociaux).

Le rendez-vous a lieu à 19h30, presque de l’autre côté de la ville, Tokoin Protestant  pour moi qui habitait à Hedzranawoé au nord-est de Lomé. Je saute sur un zem[1] qui me fait d’ailleurs un bon prix, ce qui n’est pas du tout dans leurs sales habitudes, après une courte discussion, je fixe mon tarif.

Bien habillée, bien parfumée, les yeux pétillants en prélude à la rencontre que j’imagine déjà, porteuse de fruits….

Mauvaise surprise

Nous voilà au niveau du carrefour dit Gakpoto, arrêtés dans notre course par une longue file et une épaisse fumée noire : j’ai premièrement pensé à un incendie ou à un feu d’ordures ménagères ou de pneus, allumé par les riverains.

Locomotive dégageant une épaisse fumée.
Locomotive dégageant une épaisse fumée.

Mais j’entendis avec stupeur le vacarme de la sirène de la vieille loco de Togorail. Et l’épaisse fumée, noire comme le c… du diable, polluante comme le Gange (ou la lagune de Tokoin Hôpital ??), nauséabonde comme un œuf pourri de 3 jours. Ô rage, ô désespoir, ô vieillesse ennemie, n’ai-je donc pas tant vécu que pour rater ce rendez-vous tant attendu (parodiant ainsi le Cid acte I, scène 4, de Corneille), maudissant ainsi ma bonne ou mauvaise étoile, c’était selon le cas.

Après le passage de ce désastre écologique sur rail, je me retrouve avec une épaisse couche de suie (n’éxagérons quand même pas…) recouvrant mon teint de fond tout flambant neuf de Yves Rocher (que ma cousine m’a envoyé quand même de France, qui va se négliger…) et une odeur que je vous épargne

Adieu, veau, vache, schawarma, whisky coca, poulet braisé, brochettes… (plagiat moderne de La laitière et le Pot au lait de Jean de La Fontaine) bref tout ce que j’aurai pu ingurgiter ce soir.

Que faire ? Aller à mon rendez-vous dans cet état plus que piteux ou retourner à la maison me refaire une beauté (une vrai cette fois-ci) au risque d’aller en retard à mon rendez-vous galant… ?

Un peu d’histoire

L’histoire de la réalité ferroviaire[2] du Togo date de l’époque allemande, en 1905, précisément où roula la première locomotive. Mes bonnes vieilles locomotives ont eu leur belle période où plusieurs villes togolaises étaient desservies par les trains (Kpalimé, Atakpamé, Aného et Blitta, où s’arrêtent les rails).

Après les belles années du transport ferroviaire, ces wagons sont tombés en désuétude, les gares envahies par les herbes, les rails presque invisibles. Les wagons sont actuellement en exploitation seulement par l’actuelle société d’exploitation du ciment – CIMTOGO- qui utilise ces vieux wagons pourris pour le transport du clinker.

Un clin d’œil a été fait à ces wagons, récemment dans un clip d’une artiste qui a actuellement le vent en poupe Almok – Takouvi.

De vrais dangers ambulants, pollueurs sonores, visuels et olfactives (je me rappelle encore ma gorge toute râpeuse comme ayant bu un mauvais whisky ou mangé du kalaba[3]…)

Bref, ma super belle rencontre prévue depuis une semaine est tombée à l’eau, évanouie tel un mauvais mirage dans le désert du Sahara avant même d’avoir pu avoir lieu, pschitt comme un ballon de baudruche dans les mains d’un gamin mal intentionné…

Ah que nenni !!! Non, je me rattrape, je lui envoie un texto vite fait, et demande à mon zem de rebrousser chemin (ce qui a l’honneur de doubler mon tarif…)

Comme toute bonne créature du sexe féminin qui se respecte et sait se faire respecter, j’accuse un léger retard d’une heure de temps.

Enfin je pus rejoindre mon ami pour passer une belle soirée idyllique…

**Dame Loco : Locomotive

[1] Zem : Diminutif de zémidjan : moto taxi

[2] Source : https://en.wikipedia.org/wiki/History_of_rail_transport_in_Togo

[3] Kalaba : boule d’argile blanche prisée par la gente féminine de la Côte d’Ivoire au Cameroun


Soirée de retrouvailles

Des amis, l’on s’en fait toute la vie durant mais beaucoup le pensent et vous le diront, une belle amitié qui tient le coup est sûrement celle qui s’est faite au moment des études.

 L’amitié : c’est le motif de cette belle rencontre qui a lieu par cette chaude soirée  d’octobre.

Nous nous sommes connus pour la plupart, certains à l’école primaire, d’autres au collège, mais tous dans la même institution scolaire : le Grand Collège du Plateau à Tokoin Cassablanca, Lomé.friends-1013883__180

Nous nous sommes perdus de vue, certains depuis 15 ans, d’autres 20 ans, voire 25 ans. Mais comme le disait Montaigne, « L’amitié se nourrit de communication « . Pour donc le paraphraser, disons que notre amitié à nous s’est nourrie des nouvelles technologies de l’information. Ainsi, grâce à Facebook et à Whatsapp (merci Zuckerberg), nous avons gardé contact au quotidien par le partage de fichiers (petites pensées, réflexions, vidéos, audios, documents) ; puis nous avons pensé à nous retrouver.

D’abord timidement, puis peu à peu, les liens  d’antan se sont renoués et des projets ont commencé à poindre. Le contact physique est dès lors devenu plus que nécessaire.

En début de semaine, la belle idée est née d’initier une soirée, grâce surtout au retour de certains venus de l’extérieur du pays. Et de fil en aiguille, le jour a été fixé, l’heure a été choisie. Chacun peut apporter quelque chose à grignoter et à boire, pour le partage et pour passer un moment convivial.

A l’heure dite et au jour convenu : vendredi 19 h, nous nous sommes retrouvés. Chacun a fait l’effort de mettre à côté les obligations tant professionnelles que familiales, au moins le temps d’une soirée. Une dizaine, c’est le nombre que nous avons atteint.

Alors elle a commencé, la fameuse soirée : étalages de souvenirs, d’anecdotes connues qui ont refait surface et d’autres inédites se sont fait connaître…stock-photo-group-of-people-sitting-at-festive-table-and-eating-427193854

Nous avons bu, nous avons mangé, nous avons ri, nous avons échangé, nous avons débattu sur les sujets brûlants de l’actualité. Et oui  » Que la douceur de l’amitié soit faite de rires et de plaisirs partagés », dixit Khalil Gibran. Chacun s’est exprimé librement et nous avons encore gagné beaucoup de choses. Ce qui nous a énormément enrichi.

Nous n’avions certes pas perdu de vue,  le leitmotiv de cette soirée : la mise en marche de nos projets pour redorer le blason de notre chère école et pour apporter un coup de pouce au corps administratif.

Car au-delà, de tout, c’est cette école qui a fait de nous ce que nous sommes devenus, c’est elle qui nous a donné les bases de notre éducation. Et tous tant que nous sommes, sommes fiers d’avoir fait partie de cette communauté. D’ailleurs nous en faisons toujours partie, intrinsèquement nous ne pouvons nous en dissocier.

C’est avec beaucoup d’espoir pour la réalisation de nos projets que nous nous sommes quittés, les yeux pleins d’étoiles, heureux de cette rencontre, heureux que notre union devienne une force qui fera bouger des lignes et plus. Les contacts seront maintenus, si Dieu nous prête vie, nous espérons que ces rencontres auront une fréquence plus régulière.

Et pour terminer et faire comme les politiques, nous dirons : Vive l’amitié ! Vive les retrouvailles ! Puisse nos projets prendre vie !

Post scriptum : Savourons cette chanson qui nous rappelle à tous, anciens élèves du Grand Collège du Plateau, le sens de l’amitié et l’espoir des retrouvailles.


Quand mariage rime avec mirage

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Crédit photo: pixabay.com

Je semblais tomber des nues : j’ai reçu ce matin, mon acte de divorce qui clôt définitivement cette longue période haineuse, haletante, stressante de cette procédure.

Alors les images du bonheur passé défilent tel un mauvais kaléidoscope. On se rappelle, les premiers émois qu’on avait aux premiers rendez-vous, les espoirs fondés sur cette nouvelle relation, nourris par toutes ces douces promesses.

Nous nous connaissions depuis le collège, presque voisins ; nous avons traversé de tendres moments, des périodes difficiles, essuyé des coups durs. Mais nous avons résisté à tout cela.

Je n’ai vraiment pas compris, quand la machine bien huilée de notre relation n’a plus fonctionnée. Après nos études universitaires, nous avions décidé de nous fiancer : lui avait décroché, un poste de juriste dans un cabinet d’avocat ; moi, un poste d’attachée commerciale dans une société de consignation maritime.

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Crédit photo: pixabay.com

Tout allait si bien, après nos fiançailles, je tombai enceinte et mis au monde une jolie fille (j’étais sa mère, elle ne pouvait qu’être jolie,…) : nous l’appelâmes Hope : espoir car l’espoir fait vivre tant qu’on avait le souffle de vie. Deux ans plus tard, nous lui donnions un petit frère, Peter, comme la pierre, sur laquelle, nous avions construit notre couple, en tout cas ce que je pensais en ce moment : la confiance.

Lui, commençait à avoir plus de responsabilités dans son cabinet, et moi je fus nommée, chef de service après 5 années à mon poste. Que pouvions-nous attendre de plus de la vie ? Nos enfants grandissaient dans le bonheur et nous avec.

Mais peu à peu, une distance commençait à se créer : au gré des missions qu’il effectuait à l’étranger. Je le sentais de plus en plus fatigué, irascible parfois, moins câlin, moins tendre. Je mettais tout cela sur le compte du stress au travail. Nous participions alors à des séances de massage thaï, des discussions chez le psychologue, mais rien n’y fit. La situation allait en crescendo, de moins en moins présent à la maison, de plus en plus éloigné de moi. C’était le début de la « douce glissade » vers l’horreur.

Un soir où j’attendais une collègue pour prendre un verre après une journée harassante, dans un petit café de la ville, je le vis en bonne compagnie. Je faillis m’étouffer avec mon verre, que je bus de travers. Lui, était supposé être en mission depuis 3 jours à l’extérieur du pays. Je gardai tout mon sang froid et fit comme si de rien n’était.

J’attendis patiemment, et coup du sort ma collègue, une adepte de « l’heure africaine », ne vint pas. Elle m’envoya un message pour s’excuser. Je pris mon temps pour espionner, le couple clandestin. Une heure, après, ils s’engouffrèrent dans sa voiture. Me voici en train de jouer à Emma Peel[i], je les suivis à deux voitures près, jusque dans une résidence hôtelière située dans la banlieue de la ville.

J’attendis un instant dans la voiture avant d’aller me renseigner à la réception : le couple en question avait ses habitudes ici, et lui était supposé être en mission avec celle qu’il présentait comme son épouse.

Je ne sais d’où me vint ce courage, je rentrai à la maison. Les enfants étaient déjà couchés, grâce à ma servante qui s’occupait tellement bien d’eux.

Je pris une douche et me couchai, ne sachant que faire : le lit était devenu brûlant malgré la fraîcheur distillée par la climatisation.

Je me levai assez tôt, fit déjeuner les enfants et allai au travail comme si de rien n’était. Je n’arrivais pas à me concentrer. J’appelai alors le cabinet, la réceptionniste, très étonnée me répondit qu’il avait pris un congé d’une semaine. Je fis semblant en détournant la conversation. Je raccrochai.

Ma collègue à « l’heure africaine », passa me voir pour demander comment j’allais. C’est en fin de journée, envahie par le remords qu’elle m’avoua être au courant de cette liaison qui durait depuis un moment déjà. Sa sœur travaillait dans ledit café et le couple clandestin y passait souvent ses soirées.

Je ne savais  si je devais la remercier ou pas, de m’avoir ouvert les yeux.

J’attendis jusqu’à son retour de  « mission » pour lui demander des comptes. Il ne nia même pas, évoqua des raisons fallacieuses je tentai une séance d’explication, de dialogue, de discussions. Mais il ne fit aucun effort pour saisir la perche tendue. Je compris finalement que c’était prémédité.

Je n’ai jamais compris les vraies raisons de notre séparation. Dès le lendemain, il ramassa toutes ses affaires et alla s’installer à l’autre bout de la ville avec sa nouvelle compagne. Je réadaptai ma vie en fonction : amener les enfants à l’école et à leurs activités extra scolaires, limiter mes sorties pour passer le plus de temps avec eux et compenser l’absence du père. Il ne s’opposa pas à la garde des enfants. Il continuerait à payer les factures et autres charges dont il s’était toujours occupées.

Nous avions décidé d’un divorce avec consentement mutuel, pour éviter l’interminable chapelet des tentatives de conciliation. Mais malgré tout, la haine, l’incompréhension, le stress et la méfiance s’installent.

On se pose mille et une questions : où ai-je pu fauter ? Qu’est-ce qui n’a pas marché ? Des questions qui demeurent toujours sans réponses. L’image que je me fais de cette relation : dans le mariage, vous êtes deux funambules sur une corde raide avec un bandeau sur les yeux, au-dessus du Niagara, à la merci du vent et des autres aléas climatiques. Mais vous faites confiance à votre partenaire, pour vous conduire à bon port. Soudain, au beau milieu vous ne sentez plus sa présence. Qu’est-ce que vous faites ? Vous arrachez votre bandeau et vous vous retrouvez seule… Retourner sur vos pas ou continuer ? Vous choisissez de continuer pour vous mais aussi pour vos enfants (dont vous avez la responsabilité) issus de ce mariage, non plutôt de ce mirage.

Aux dernières nouvelles, il a convolé en justes noces avec sa nouvelle compagne. Que pouvais-je lui souhaiter ? Quant à moi, une nouvelle page s’ouvre et je dois la remplir non plus de souvenirs, mais de beaucoup d’espoirs et de rêves.

[i] Emma Peel : héroïne et partenaire de John Steed, dans la fameuse série Chapeau Melon et Bottes de cuir

 


Portrait – Rendez-vous chez Abdel le coiffeur

Nous fréquentons ce salon de coiffure depuis deux ans déjà et ce matin, nous avons décidé de connaître un peu mieux ce jeune coiffeur qui fait la beauté de nos chères têtes crépues.

Allons donc à la rencontre de Abdel, patron d’un salon de coiffure situé, à Djidjolé, quartier périphérique  du nord de Lomé,  un jeune homme plein d’ambition.

Abdel en plein travail
Abdel en plein travail.

Des débuts bien ardus  

La trentaine, de taille moyenne, arborant toujours un joli sourire,  le jeune  Abdel déclare non sans fierté : « Voici 2 ans que je dirige mon propre salon de coiffure, VIP’s Barber Shop. »

Après l’obtention de son Bac Série D (Sciences de la Vie et de la Terre), Abdel qui a toujours eu en tête de devenir un grand entrepreneur décide d’apprendre un métier : il opte alors pour la coiffure.

Au même moment, il s’inscrit en faculté de gestion à l’Université de Lomé (UL). Il s’arme de courage et signe un contrat d’apprentissage de 2 ans auprès d’un coiffeur de son quartier.

Difficile d’allier études et apprentissage mais déterminé qu’il est et avec l’objectif qu’il s’est fixé, il ne baisse pourtant pas les bras.

« J’estime qu’il n’y a pas de sot métier. Notre système éducatif francophone ne nous prépare pas vraiment à affronter la vie professionnelle après l’obtention de nos diplômes. C’est pourquoi j’ai pris les devants en allant apprendre un métier », soutient-il.

Le sacrifice porte des fruits

Le métier  nourrit apparemment son homme, bien même  nous dit-il. Avec ses recettes, il arrive à payer le loyer, l’électricité, l’eau et renouveler le matériel. Ses tarifs vont de 300 à 2 500 FCFA voire 3 000 FCFA et 5 000 FCFA pour un déplacement à domicile. Comme le nom de son salon l’indique, c’est un vrai coiffeur VIP. La preuve, certains artistes de la place, dont je me garderai de divulguer l’identité, font partie de sa clientèle.

Dès 7 h son salon est ouvert et selon les jours de la semaine, le nombre oscille entre 10 et 15 clients par jour. Les week-ends sont jours d’affluence : il reçoit environ 20 clients, par conséquent il ne ferme que vers 21h00.

Le futur, présage de belles choses

Pour faire face à toute cette clientèle et être serein les jours de coupure d’électricité (et oui, on ne peut faire confiance à la CEET*), il a acquis récemment un  petit groupe électrogène. Très bel atout, pour être à l’abri.

« Avant en cas de coupure de courant, j’étais obligé d’utiliser des tondeuses à piles ou rechargeables, ce qui n’est pas toujours évident. Lorsque vous devez coiffer 2 ou 3 clients, les batteries sont vite à plat», nous explique-t-il.

Pour ses projets, Abdel n’en démord pas : « J’ai bien l’intention de reprendre mes études et d’obtenir ma licence en gestion option Ressources Humaines». Lesquelles études sont actuellement en stand-by car il lui reste encore des unités d’enseignements à valider. Mais en attendant, il veut bien former les 2 apprentis sous ses ordres. Ils s’occuperont de faire tourner le salon, car Abdel n’abandonne pas l’idée de son projet : ouvrir bientôt un autre salon voire deux.

Mais pour l’heure, souhaitons-lui, bon vent, non plutôt bonne coupe !!

*CEET : Compagnie Energie Electrique du Togo, société de distribution d’électricité au Togo